Adolescence – Manga – Yaoi : Pornographie Féministe ou Pédophilie Féminine ?
Les mangas, il y en a de toutes sortes et de tous les styles. Manga pour enfant, adolescent ou adulte, on se souvient bien de Naruto, ce dessin animé de Télétoon. Les parents ne l’aimaient certainement pas pour les hurlements quelques fois dérangeants de cette émission à l’heure du souper. On les voit aussi apparaitre sur les sites de pornographie. Il y a toujours cette section de dessin animé japonais très explicite.
Adolescents, les mangas engendrent chez certains une grande passion. Travaillant dans un local ado, les mangas on la même popularité qu’il y a 10 ans et de plus en plus de jeunes en lisent ou en regarde. Offert en lecture ou en dessin animé, les histoires regorgent de créativité et de style. Certains sont dédiés au sport, d’autres à la musique, au combat de robot et même à la magie.
Il y a autant de style de manga qu’il y a de style de livre et de film américain.
C’est vers la fin des années 60 qu’au Japon est survenu un mouvement plus féminin vers l’écriture de livre de science-fiction. Bien connues pour leur manga, les Japonaises ont développé au fils des ans un style bien particulier qui fait son apparition au Québec depuis quelques années : le yaoi.
Qu’est-ce que le yaoi ?
Un genre de manga écrit par des femmes pour des femmes qui met en scène des histoires homo-érotique allant bien souvent jusqu’à la pornographie très explicite. Les personnages ont souvent un corps plus androgyne, qui permet aux femmes de s’identifier à l’un des personnages masculins. Ces personnages n’ont aucune caractéristique physique avec laquelle la femme pourrait s’évaluer. Comme le personnage est un homme, il n’a ni gros seins, ni une taille de guêpe et bien souvent, il agit de manière plus réfléchie que les stéréotypes féminins véhiculés à travers la pornographie plus commune (mais ça dépend toujours). Même à travers les yaoi, plusieurs stéréotypes refont surface, l’un des personnes est très masculin et protecteur et le deuxième plus féminin et a besoin d’être sauvé. Il n’empêche pas que plusieurs hommes ont du plaisir à lire eu aussi du yaoi.
C’est pourquoi sa popularité est grandissante au Québec et que l’on retrouve de plus en plus ce style de manga dans les librairies, mais également dans les conventions. L’Otakuthon est la plus grosse convention de manga à Montréal et chaque année une partie de cette convention est dédiée aux fans de yaoi. On y retrouve différents panels, des invités ainsi que des concours. À ce niveau, l’univers du manga se retrouve à être l’un des plus ouverts pour le milieu LGBT*, plusieurs y retrouvent un endroit sécuritaire pour y retrouver des personnes ayant les mêmes affinités. Même la célèbre émission South Park a eu un épisode à propos du yaoi, où des fanfictions de vrais fans trouvés sur internet ont été utilisés pour créer l’épisode. Attention, même si le yaoi met en scène des relations amoureuses/sexuelles entre hommes, il ne représente pas pour autant la réalité de l’homosexualité masculine. Les militantes japonaises féministes et lesbiennes expliquent bien que le yaoi fait partie d’un univers irréaliste et qu’il sert de refuge pour la misogynie de la société. On peut également retrouver dans le yaoi une certaine confusion des genres, puisque selon les dessins des auteurs, plusieurs personnages paraissent androgynes. Reste néanmoins que les yaoi permettent à une grande majorité d’individus d’avoir accès à des livres et dessins animés dont les personnages principaux sont LGBT*. Ces types de personnages principaux sont quasiment absents de nos romans et séries télé canadiennes et américaines (Sense8 et The 100 sont les exceptions pour le moment). Certains yaoi ne contiennent pas de relations sexuelles explicites, on parle alors de Boy’s love. L’un des premiers yaoi à avoir atterri sur nos tablettes québécoises fut « Le Jeu du Chat et de la Souris »
- Pour d’autres, malgré les scènes et passages érotiques, l’histoire est très bien ficelée, les personnages sont attachants et on y critique les stéréotypes masculins. À ce niveau, je félicite le yaoi « Junjou Romantica » ainsi que « Sekai-ichi hatsukoi » ou les personnages y ont des métiers plus « féminins » et où on dénonce ouvertement l’hétéronormativité.
Souvent critiqués pour cette confusion des corps, les mangas japonais en générales représentent souvent leur personnage de façon très jeune. Un personnage de 23 ans pourrait facilement être confondu avec un personnage de 6 ans. Le yaoi n’y échappe malheureusement pas. Plusieurs livres présentement vendus au Québec ressemblent étrangement à de la pornographie pédophile. Dans le célèbre manga « No Money », l’un des personnages étant clairement adulte achète aux enchères un petit garçon dans la vingtaine, mais qui pourrait avoir facilement 10 ans selon sa représentation en dessin. Et loin d’être romantique, ce manga met en scène plusieurs relations sexuelles très explicites de viol et de violence, mais également parfois d’amour. On se questionne puisque ce manga est étrangement très populaire auprès des adolescentes.
On peut se demander si on ne retrouve pas ici les données manquantes quant aux femmes visionnant du contenu pédophile surtout qu’à l’Otakuthon, même des jeunes de 16 ans savent ce qu’est le manga « Boku no Pico ». Un manga qui s’affiche clairement comme pédophile. Pas de panique cependant si vous entendez le nom de ce manga en écoutant une conversation entre vos ados, plusieurs utilisent celui-ci pour faire des blagues. L’un recommande à l’autre de visionner ce manga, disant qu’il est très bon. Son ami fait alors la recherche sur internet et tombe sur son contenu. Choqué par ce contenu, son ami considère alors avoir réussi sa blague. Si cela survient, je vous suggère d’intervenir et de conscientiser votre ado à propos de la pédophilie ainsi que du visionnement de ce type de contenu sur internet. En japonais, les mangas de type pédophile envers les jeunes filles sont nommés « Lolicon », et ceux envers les jeunes garçons « Shotacon ».
D’un autre côté, ce n’est pas tous les mangas ni tous les yaoi qui représentent ce genre de scène. Mon but n’est pas de diaboliser ce type de lecture. Plusieurs autres mangas et yaoi mettent clairement en scène des relations sexuelles entre adultes, même si le viol a une forte présence dans ces fantaisies japonaises.
Surtout, la grande majorité de mangas de contiennent pas de sexualité et peuvent apporter des apprentissages vraiment intéressants pour nos jeunes.
C’est pourquoi je crois qu’il est important de s’intéresser à ce que lisent et regardent nos enfants et ados. Il faut les aider à travailler leur regard critique pour ce type de lecture. On peut facilement retrouver à côté de Naruto en librairie un manga sexuellement très explicite réservé aux 18 ans et plus et pourtant, il passe inaperçu devant nos yeux. D’un autre côté, un manga qu’on pourrait facilement penser de sexuellement explicite ne l’est pas. On peut choisir « Ghost in a shell » où la couverture du livre représente une femme nue, mais qui est utilisée au cégep comme une œuvre de science-fiction. Feuilleter rapidement le manga de son jeune permet de remarquer très facilement s’il contient des images de relation sexuelle explicite. En plus du yaoi on retrouve le yuri, son opposé, ou des femmes ont des relations sexuelles avec des femmes. Il y a aussi les populaires mangas « hentai » qui signifient en français « porno ».
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Jade Cousineau
Sexologue B.A.
Source :
https://www.actualites.uqam.ca/2015/yaoi-parodies-mangas-saveur-homoerotique
Jade Cousineau Sexologue B.A. 